hun/ eng
search
my basket

L’orchestre est magnifique de vitalité

Ivan Fischer et son Budapest Festival orchestra ont porté haut l’immense troisième symphonie.
Sur la scène du Grand Théâtre de Provence, il y a foule. Dans la salle aussi. Pour l’ouverture du festival de Pâques, qui est devenu en quatre ans un rendez-vous incontournable des mélomanes, l’immense 3e Symphonie de Gustav Mahler ouvre les feux sous la direction d’Ivan Fischer. La plus longue, après celle de Harvergal Brian (environ cent minutes). La plus symbolique, avec ses six mouvements en deux parties inspirés de thèmes couvrant la nature, l’homme, les anges et l’amour. La plus ambitieuse, avec celle des Mille. Une oeuvre pour «construire un monde avec tous les moyens techniques existants». La «troisième» est un univers en soi.
Une épopée humaine portée par plus de deux cents musiciens, entre l’orchestre (bois et cuivres par quatre avec percussions développées), les deux choeurs (enfants et femmes) et l’alto soliste. Pour aborder cette gigantesque réflexion musicale, Ivan Fischer ne plonge pas tête baissée dans la partition. Il en dirige le sens avec une science consommée de la force des tensions, de la montée des dynamiques et de l’apaisement des résolutions. Avec en cadeau, la joie du son, accueillie à bras ouverts. Et la rage du mouvement, attisée au poing.

Pupitres fiers et généreux

L’orchestre est magnifique de vitalité. Ses teintes sombres et pleines, son attention de chaque seconde aux autres, comme sa précision de jeu, révèlent des pupitres fiers et généreux (solos remarquables de trombone et trompette, ensemble stupéfiant de vitalité et de capacité dynamique). Ce qui frappe dans la lecture du chef, où la sidération et l’extase émergent avec grâce des cataclysmes les plus violents, c’est un sentiment de ressources infinies. L’habileté d'Ivan Fischer à mener les musiciens sur des hauteurs qui reculent sans cesse, et dont le sommet, toujours plus élevé, n’a pas de limites. Les tempos prennent leur temps, permettant aux nuances de s’étirer du silence le plus noir aux éclats les plus renversants. Difficile de résister à cette expérience d’une autre dimension. Le timbre de la mezzo-soprano Anna Larsson, qui remplaçait Gerhild Romberger malade, convient aux teintes boisées de l’orchestre. Ses couleurs carmines, sa rigueur de chant et sa droiture d’interprétation donnent à la partie humaine une dimension supérieure qui placent cette version entre l’univers et l’intime. Saisissant.