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Aix : du bonheur en ouverture du Festival de Pâques

Avous voir comme ça, aussi nombreux ce soir, j'ai l'impression que nous sommes ensemble depuis un grand nombre d'années..." Non, cela ne fait que quatre ans alors, Renaud Capuçon et Dominique Bluzet goûtent l'image réconfortante de ce GTP rempli.
La nouvelle édition va s'ouvrir dans un instant. Sur scène, on a installé des gradins pour les choristes et une extension pour les musiciens que voilà installés. Un beau Budapest Festival Orchestra, les dames en noir, les messieurs en chemise blanche et noeuds papillons, un sourire content accroché sur plusieurs dizaines de visages qui s'illuminent à l'approche de leur chef : Ivan Fischer. L'homme salue son public, son orchestre et son corps entier, des pieds aux poings, appelle les premières notes de cette 3e symphonie de Mahler. Le frémissement du premier concert s'éteint doucement et que la grâce soit. Organique, la rencontre entre l'orchestre et son chef est joyeuse, belle à voir, à écouter, il y a de la puissance et de la nuance, de la générosité et de la fluidité dans un son qu'ils semblent avoir façonné il y a longtemps. Ensemble, ils sont plus de 80 et comme un seul corps, ils donnent tout son sens à l'une des symphonies les plus longues qui n'aient jamais été écrites. Voilà plus de 120 ans, le compositeur n'a pas voulu créer une symphonie mais "construire un monde avec tous les moyens techniques existants", écrit-il. Un monde de nuances et d'explosions sonores, un monde qui fait briller les cuivres, suer les bois et courir les percussionnistes. Quelques fois, ces derniers s'éclipsent pour aller claquer leurs cymbales en dehors de la scène, de même pour les cuivres. Le son nous vient de loin, tel que l'exige la partition, pour rendre grâce à la beauté de la nature, à l'homme, aux anges et à l'amour. La première partie se termine dans un grondement et un grand "wahou" parcourt le public. Re "wahou" lorsque surgissent le choeur de femmes de l'Orfeo Catala et la maîtrise des Bouches-du-Rhône, suivis de la mezzo-soprano Anna Larsson dans une longue robe rouge ; quelle force dans la voix et quel belle rondeur dans le timbre. Si la musique a été inventée pour rendre les gens joyeux, ces quelque 200 artistes-là ont tout compris.